In Diagnostic Plomb

L’ingestion de particules de plomb est la cause principale du saturnisme ainsi que d’autres troubles graves notamment chez l’enfant, le nourrisson et le fœtus. C’est en raison de ce risque sanitaire élevé qu’a été décrétée l’obligation de diagnostic plomb ou Constat de Risque d’exposition au Plomb (CREP) avant la vente, la location ou avant travaux dans une construction datant d’avant 1949, année de son interdiction d’emploi. Mais le plomb n’est pas présent uniquement dans les peintures et revêtements, le risque d’ingestion de particules de plomb est présenté aussi via les canalisations vétustes en plomb ou assemblées et raccordées avec du plomb. C’est l’ANSES qui alerte sur la dangerosité du plomb dans l’eau et appelle à des mesures dont l’éventualité d’étendre aux canalisations d’eau potable la portée du diagnostic plomb (CREP). L’occasion sûrement de revoir la portée de ce diagnostic immobilier.

 

Les risques sanitaires du plomb dans l’eau

Dans son rapport, l’ANSES souligne d’abord les effets néfastes pour la santé humaine de l’ingestion de plomb. Ces effets sont bien évidemment liés à la quantité de plomb ingérée quelle qu’en soit la source (peintures, eau, pollution atmosphérique, résidus de combustion…) ; cette concentration en plomb dans le sang est appelée plombémie dont le niveau le plus élevé est l’intoxication aiguë ou chronique par le plomb dont la forme la plus grave est le saturnisme. Ce sont les enfants nés ou à naître qui en sont le plus rapidement victimes puisque la concentration en plomb dans le sang dépend du volume sanguin ; or, selon l’étude de l’alimentation totale infantile publiée par l’Anses en septembre 2016, 14 % du plomb ingéré chez les enfants âgés de 13 à 36 mois provient de l’eau employée pour la boisson et la cuisson des aliments.

De leur côté les distributeurs d’eau destinée à la consommation humaine respectent la limite de qualité de 10 µg de plomb par litre d’eau fixée et contrôlée par l’autorité de santé, mais c’est bien souvent après le point d’adduction que l’eau du robinet peut se charger en plomb. En cause, principalement les canalisations vétustes des immeubles et logements anciens, les brasures, soudures et raccords de ‘plomberie’ qui contiennent du plomb dont le risque de diffusion de plomb dans l’eau peut être amplifié par des traitements inappropriés ou mal conduits.

 

Traiter l’eau pour abaisser sa concentration en plomb

Il existe divers traitements destinés à abaisser la teneur en plomb dans l’eau de distribution y compris pour celle transitant par des canalisations anciennes au plomb. Parmi ceux-ci, l’ajout d’acide phosphorique ou d’orthophosphates qui se fait en amont avant distribution dans le réseau permet de limiter l’érosion interne du plomb depuis les tuyauteries qui en contiennent afin de limiter que l’eau du robinet se charge de particules entre le réseau et le point de tirage. Mais il n’empêche que bien qu’efficaces ces traitements ne sont pas partout applicables et peuvent en outre être annihilés par de mauvaises pratiques dont le ‘sur-adoucissement’ de l’eau du à un adoucisseur d’eau disproportionné ou mal réglé, et l’usage pour la boisson et la cuisine d’une eau adoucie.

 

Quel que soit le traitement reconnaît l’agence, et notamment pour celui aux orthophosphates, elle déclare que « le traitement ne permet pas de respecter en permanence et à tous les points d’usage, la limite réglementaire de qualité du plomb dans les eaux destinées à la consommation humaine ». Source ANSES

 

Les extensions probables du diagnostic plomb

Comme la réduction des expositions de la population au plomb reste un objectif prioritaire de santé publique, l’agence de santé recommande d’abord d’améliorer la connaissance du réseau de distribution public et des réseaux privés à l’intérieur du bâti ancien. Or cette connaissance dans un logement ou un immeuble ne peut passer que par la visite du réseau par un expert qualifié ce qui se rapproche terriblement de la définition d’un diagnostic immobilier. Intégrer l’état des canalisations de distribution d’eau dans le diagnostic plomb est donc plus qu’envisageable surtout que ce diagnostic plomb existe bel et bien et que la portée de son obligation semble devoir être étendue aux bâtis postérieurs à 1949.

Car si depuis 1949 il est interdit d’additionner du plomb aux peintures et revêtements destinés aux intérieurs des construction, rien n’a empêché que de tels produits entrent dans nos maisons, immeubles et logements plus récents. En raison de l’importance des stocks de produits à base de plomb et des nécessités de reconstruction en après guerre, la diffusion des peintures, miniums et produits à base de plomb n’a pas été interdite ; ainsi quelques décennies plus tard, on pouvait toujours employer des produits ‘plombés’ qui sont encore une menace pour notre santé. C’est pour cette raison notamment qu’il est question d’étendre l’obligation de diagnostic plomb (CREP) avant la location, avant la vente ou avant travaux à des constructions plus récentes. C’est peut-être lors de cette probable extension du diagnostic plomb aux bâtis postérieurs à 1949 que le CREP pourrait inclure un diagnostic des canalisations anciennes au plomb.

 

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