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La crise du logement touche aujourd’hui une grande partie du territoire français : manque de logements sociaux, mal-logement, précarité énergétique (qui concerne environ 12 millions de personnes).

Une initiative innovante été lancée à Lyon le 17 novembre dernier : la création de la Coopérative Logement d’Abord. Cette nouvelle structure se présente comme un prototype ambitieux, pensé pour être reproductible dans l’ensemble du pays, et pourquoi pas à l’échelle européenne. L’Union Européenne surveille de près la mise en place du dispositif.

Son objectif principal ? Transformer des logements vacants, souvent dégradés et inutilisés, en logements sociaux accessibles aux ménages les plus fragiles.

Cette coopérative est née d’un partenariat entre la Métropole de Lyon et l’association Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL), déjà reconnue pour son action en matière d’accompagnement des personnes en situation de précarité résidentielle.

Ensemble, ils ont décidé de poser les bases d’une foncière nouvelle. La Coopérative Logement d’Abord est pensée pour s’attaquer à un problème majeur du parc immobilier français : la multitude de biens vacants (ceux indécents à la location car dans un état de vétusté avancé ou ne répondant plus aux critères de décence énergétique) qui pourraient, à condition d’être rénovés, offrir un toit à ceux qui en sont aujourd’hui privés.

L’un des enjeux centraux du projet consiste à intervenir sur des logements énergivores, souvent qualifiés de « passoires thermiques ». Ces logements classés F ou G au diagnostic de performance énergétique sont exclus de la location en raison de leur performance énergétique insuffisante. Pourtant, ils représentent un potentiel considérable.

La Coopérative Logement d’Abord propose d’identifier ces passoires énergétiques vacantes, de les réhabiliter, puis de les transformer en logements sociaux parfaitement adaptés aux besoins contemporains, tant sur le plan de la sécurité que sur celui du confort énergétique.

Pour intégrer le parc de la coopérative, un logement devra ainsi connaître un saut énergétique d’au moins deux classes DPE après travaux s’il est soumis au régime de la copropriété. Cette exigence répond à une double nécessité : améliorer durablement le cadre de vie des futurs occupants, tout en participant activement à la transition écologique du parc immobilier français.

La rénovation énergétique massive, notamment dans le parc ancien, est devenue une priorité nationale, et cette solution peut contribuer de manière significative à cet effort.

Au-delà de la dimension environnementale, le projet place au cœur de ses priorités la lutte contre le sans-abrisme et l’exclusion. Beaucoup de ménages, en particulier les plus vulnérables, peinent aujourd’hui à accéder à une location stable, même lorsqu’ils sont accompagnés par les dispositifs sociaux existants.

La Coopérative Logement d’Abord ambitionne de leur offrir une véritable solution durable, en créant un parc de logements sociales adaptés à leurs ressources réelles.

Sans oublier que les propriétaires privés de ces logements vacants ou dégradés y trouvent également leur compte : la coopérative peut leur apporter un soutien technique et financier pour remettre leurs biens sur le marché, tout en leur assurant une gestion sécurisée et socialement utile.

Une expérience similaire a déjà été menée il y a une trentaine d’années en Île-de-France, grâce à SNL-Prologues. À l’époque, le modèle reposait principalement sur l’achat, la rénovation et le bail à réhabilitation.

La réussite de cette démarche a montré deux choses : une gestion solidaire des logements peut réellement contribuer à l’augmentation de l’offre sociale, et favoriser l’insertion par le logement.

La Coopérative Logement d’Abord s’inscrit dans cette continuité : elle élargit le champ d’action et les partenariats possibles, notamment avec les collectivités territoriales.

Pour garantir la qualité des rénovations, chaque logement repéré devra faire l’objet d’un diagnostic complet avant engagement des travaux. On imagine que ce bilan pourra inclure un contrôle de l’amiante (immeubles construits avant 1997), du plomb (pour les immeubles les plus anciens), des parasites type mérule ou termites, ou de l’état des installations intérieures électriques et gaz.

Le DPE sera bien entendu un critère essentiel. Ces diagnostics permettront de déterminer précisément l’ampleur des travaux nécessaires pour rendre le bien habitable, sécurisé et conforme aux nouvelles normes énergétiques.

Si le modèle parvient à se déployer, il pourrait transformer profondément la manière dont on conçoit et gère le logement social en France.

En réutilisant des biens vacants plutôt qu’en construisant systématiquement du neuf, il répond à plusieurs urgences simultanément : la saturation des centres urbains et le besoin de lutter contre l’étalement, la nécessité de préserver les ressources naturelles, et bien sûr la demande pressante de logements abordables.

La Coopérative Logement d’Abord ouvre ainsi une perspective nouvelle : celle d’un logement social accessible. Une démarche porteuse d’espoir pour les milliers de personnes qui attendent un toit digne, mais aussi stable. Si l’expérimentation est concluante, elle pourrait bien inspirer de nombreuses autres collectivités et, à terme, devenir une référence en Europe dans la lutte contre le mal-logement.

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