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Doit-on évaluer la performance énergétique exacte d’un bâtiment, et non plus l’estimer sur plan, pour mieux se conformer aux nouvelles réglementations thermiques et atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement ? Si plusieurs acteurs en France y sont favorables, des questions subsistent quant à la possibilité d’obtenir de tels résultats concrets.

 

 

Une prise de conscience générale

À une époque où la France s’avance lentement mais sûrement dans ses engagements en marge du Grenelle de l’environnement, des voix commencent à s’élever en faveur d’une évaluation concrète des progrès réalisés. Autrement dit, des députés, comme des chercheurs et des observateurs de tous horizons, souhaitent intégrer des méthodes destinées à mesurer les rendements thermiques réels d’un bâtiment, après rénovation ou construction. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques ou OPECST figure parmi les plus intéressés par un tel changement. L’organisme s’est même interrogé publiquement sur la nécessité d’une telle transparence, lors d’une audition publique à l’Assemblée nationale le 22 mai 2014.

 

De l’insuffisance des méthodes d’évaluation théorique

En présence des acteurs de l’efficacité énergétique, le groupe a présenté des arguments justifiant l’introduction de nouvelles méthodes de calcul in situ pour mieux appréhender les avancées et les problèmes liés à la performance énergétique des bâtis en France. Si aucun des intervenants n’a remis en cause la légitimité des procédés d’évaluation théorique en vigueur depuis 2011, certains n’ont pas hésité à évoquer leurs « imperfections ». Le moteur de calcul de la RT2012, inclus dans plusieurs logiciels utilisés par les diagnostiqueurs, n’échappe pas à ces remarques. Cette méthode permet d’évaluer uniquement la performance intrinsèque d’un bâtiment, en additionnant les dépenses théoriques dans les cinq principaux usages de l’énergie – dont le chauffage, la climatisation, l’éclairage, la ventilation et l’eau chaude sanitaire.

Le calcul théorique de la RT2012 repose en outre sur la théorie selon laquelle le bâti en question a été construit à la perfection, sans dérogation aucune aux normes dictées par la réglementation remplaçant l’ancienne RT2005. Les faits montrent toutefois que les erreurs et les manquements aux indications sur plan s’invitent de façon presque systématique sur les chantiers. Toutes ces argumentations mènent à une seule conclusion : les évaluations théoriques ne semblent plus suffisantes pour mesurer la performance thermique d’un bâtiment. Elles doivent être complétées par des méthodes plus rationnelles, de préférence réalisées sur le terrain.

 

Mesure in situ : un appel à l’innovation

La complémentarité du calcul théorique avec les mesures sur le terrain est de fait considéré comme la clé permettant d’évaluer concrètement les améliorations du rendement thermique d’un bâtiment. Seulement, la France ne dispose pas actuellement d’un procédé de mesure unique, qui donne entière satisfaction à tous les acteurs de l’efficacité énergétique. Des capteurs de présence, des appareils de mesure de consommation d’eau chaude et des détecteurs d’ouverture de porte/fenêtre existent bel et bien sur le marché. Seulement, ces dispositifs paraissent bien insuffisants pour mesurer dans leur globalité les consommations énergétiques totales d’une construction, au-delà des cinq postes de dépenses prévues par la RT2012.

 

Tous gagnants

Pour combler ces lacunes, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment chercherait déjà à développer des outils de mesure simples, peu coûteux et faciles à utiliser, selon Jean-Christophe Visier, responsable du pôle Energie-Santé-Environnement de l’institution. Le développement de ces outils de mesure représente un enjeu capital, non seulement pour les agents du diagnostic immobilier, mais aussi pour les occupants et les entreprises oeuvrant dans l’amélioration de la performance énergétique comme les fabricants de matériaux isolants ou les promoteurs immobiliers. D’un côté, en connaissant mieux leurs consommations d’énergie réelles, les résidents seraient plus aptes à adapter leurs habitudes en conséquence, surtout en ces temps où le prix de l’énergie est appelé à flamber continuellement. Les occupants seront ainsi poussés, voire contraints, à une « culture managériale » de leurs dépenses énergétiques et du rendement thermique de leur logement.

Les intervenants directs – les fabricants de matériaux isolants, les installateurs, etc. — voient dans ces systèmes de mesure concrète des éléments susceptibles de valider rapidement les performances de leur produit et favoriser leur entrée ou leur certification sur le marché de la performance énergétique. Quid des promoteurs immobiliers ? Ces acteurs ne seront pas en reste : les résultats concrets des mesures sur le terrain leur permettront de mettre en place des garanties de performance réellement fiables et quantifiables sur les biens en vente ou en location.

 

 

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