In Diagnostic Amiante

Tout le monde connaît plus ou moins le nombre de risques et la dangerosité de la présence d’amiante dans une construction. Qu’il s’agisse de colles et revêtements, de calorifugeages, de faux-plafonds ou de canalisations, la présence d’amiante dans ces éléments fait courir de nombreux risques sévères et parfois mortels aux occupants. Bien sûr, hors le retrait pur et simple de l’amiante (désamiantage), il existe des traitements de passivation par recouvrement, enrobage ou encapsulage qui permettent de limiter la diffusion des fibres et poussières d’amiante afin d’en réduire la nocivité. Si ces traitements ont un coût certain, ils restent le plus souvent moins onéreux qu’un véritable désamiantage. Mais ces traitements même chers laissent l’amiante en place sans en éliminer le risque. Mauvaise ou bonne nouvelle, passivation ou pas, il sera bientôt obligatoire de désamianter totalement tous les bâtiments.

 

Après le bilan du diagnostic amiante

Quel que soit le diagnostic amiante qu’il aura fallu réaliser (diagnostic amiante avant-vente ou avant location, DAPP, repérage amiante avant-travaux…), un bilan signalant la présence d’amiante était jusqu’alors une mauvaise nouvelle mais pas toujours dramatique.

 

Selon l’état de conservation des matériaux amiantés et en appliquant les consignes de sécurité, il était possible de vivre à côté de l’amiante une fois les matériaux passivés. A partir d’une quarantaine d’euros par m², on pouvait traiter une toiture en fibrociment, enrober ou encapsuler des éléments amiantés et continuer à occuper des locaux, une maison, un immeuble ou un logement dans lesquels de l’amiante avait été décelée. C’est une de ces solutions de passivation que bon nombre de propriétaires ou d’exploitants ont privilégiée afin de ne pas avoir à désamianter totalement une construction.

Lorsqu’il est possible, le désamiantage revient cher puisqu’il faut y faire procéder par des entreprises habilitées employant du personnel hautement qualifié, équipé de matériels et d’équipements onéreux puis conditionner les matériaux amiantés, les transporter et les faire recycler en respectant des procédés réglementaires, longs et coûteux. Lorsque le désamiantage n’est pas possible, hors les solutions de passivation si elles sont applicables, il faut se résoudre à quitter le logement, la maison ou l’immeuble qu’il faudra raser (après repérage amiante avant démolition) puis reconstruire.

 

Un désamiantage total bientôt obligatoire

C’est en effet ce qu’il se prépare au niveau européen et donc à fortiori en France. Le Parlement Européen a appelé à l’élimination complète de l’amiante et exhortent tous les États membres à adopter des plans d’action nationaux pour mettre en œuvre cette stratégie. Source Euractiv (https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/meps-are-calling-for-complete-elimination-of-cancer-causing-asbestos/)

 

Il est certain qu’on ne peut se résoudre à passiver un temps des matériaux potentiellement dangereux car contenant de l’amiante qui peut se disperser pendant des décennies aussi bien dans l’air que dans l’eau de boisson (canalisations) ou de ruissellement (toitures). Toute passivation, quel que soit le procédé employé ne dure qu’un temps en laissant en place la cause du problème qu’il faudra bien éradiquer à plus ou moins longue échéance.

Ces recommandations d’éradication totale de l’amiante dans tous les bâtiments émises par la commission parlementaire de l’environnement et de la santé publique (ENVI) interviennent donc juste un peu avant la mise à jour de la directive sur l’amiante par la Commission européenne, qui devrait être publiée l’an prochain, en 2022 soit 12 ans après sa dernière révision.

 

A savoir : En outre, il est souligné que l’incitation à la rénovation énergétique globale qui vise à rénover 35 millions de bâtiments peu performants d’ici à 2030 en Europe multiplie le nombre de chantiers y compris dans des bâtiments amiantés. Cette vague de rénovation risque d’exposer à l’amiante des milliers de personnes dont les utilisateurs et occupants ainsi que les travailleurs du bâtiment.

 

Faut-il fuir les constructions amiantées ?

Jusqu’alors on aurait pu dire qu’il était possible d’acquérir une maison amiantée ou un appartement dans un immeuble amianté. Il fallait alors juste prendre en compte le prix du désamiantage ou du traitement de passivation dans l’offre d’achat.

Mais si la stratégie européenne d’éradication totale de l’amiante vient à être adoptée, tout propriétaire ou copropriétaire d’un logement amianté (maison individuelle ou appartement en immeuble) aura à supporter le coût du désamiantage complet de la construction.

 

A l’heure où il ne devient bientôt plus possible de louer un logement en fonction de sa classe du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), on peut difficilement comprendre qu’il soit encore possible de vendre ou de louer un logement dans lequel l’amiante est présente même si elle est passivée juste pour un temps.

 

A savoir : « Une maison contenant de l’amiante en faible quantité peut être vendue en France, à condition que le problème puisse être traité à faible coût. Selon la justice, la présence d’amiante en petite quantité ne rend pas le logement impropre à son usage d’habitation. Le vendeur n’a donc pas l’obligation de procéder au désamiantage. En cas de présence importante d’amiante, le préfet peut toutefois imposer le désamiantage au vendeur ». Source SeLoger (https://edito.seloger.com/conseils-d-experts/vendre/possible-de-vendre-un-logement-contient-de-l-amiante-article-37117.html)

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